L'histoire
Note d'intention
En 1692, à Salem, dans le Massachusetts, quelques jeunes filles surprises par le pasteur du village alors qu’elles s’adonnaient à un rite païen dans la forêt, se mirent à accuser certains de leurs concitoyens d’être des sorciers alliés à Satan. La communauté, dépourvue de gouvernement légitime, prête foi aux accusations et condamne les personnes incriminées à avouer les faits ou à être pendues. Les accusations se répandent rapidement parmi les villageois. En quelques semaines, près d’une centaine de personnes furent emprisonnées et torturées. 25 seront exécutées.

A partir de ce fait divers adapté en 1953 par Arthur Miller dans sa célèbre pièce Les Sorcières de Salem, la Compagnie le Tambour des Limbes présente aujourd’hui sa relecture de cette terrifiante histoire : symbole de l’un des cas d’hystérie collective les plus troublants de l’Histoire.
Écriture collective librement inspirée du fait divers des procès de Salem en 1692

ÉQUIPE TECHNIQUE :

Mise en scène : Rémi Prin / Écriture collective : Flora Bourne-Chastel, Elise d'Hautefeuille, Naima Maurel, Rémi Prin, Rose Raulin, Louise Robert et Léa Schwartz.

Assistanat à la mise en scène : Zoé Faucher / Musique et sound design : Léo Grise / Chorégraphies: Valérie Marti / Scénographie : Suzanne Barbaud / Costumes : Adélaïde Baylac-Domengetroy, Milena Forest et Charlotte Seeligmuller / Création lumière : Cynthia Lhopitallier et Rémi Prin / Trucages : Pierre Moussey

AVEC : Flora Bourne-Chastel / Élise d'Hautefeuille /  Louise Robert et Léa Schwartz

Avec le soutien du Théâtre de la Belle Etoile, des Studios de Virecourt, du Théâtre Les Déchargeurs, du Théâtre de Belleville, de La Manekine, scène intermédiaire régionale (Pont Saint-Maxence), Lilas en Scène et le Théâtre El Duende.

Bande-annonce du spectacle ICI

Extrait du spectacle ICI

Représentations du 5 au 28 mai 2024 au Théâtre de Belleville

Bande-originale du spectacle composée par Léo Grise disponible dès le 7 septembre 2021 sur les plateformes de streaming (Spotify, Deezer...)

Les photos sont de Avril Dunoyer

Chronique autour du spectacle par la Youtubeuse Val Och / Le Clou du Spectacle ICI

DANS LA PRESSE :

Des lumières vives qui claquent, viennent et repartent, et nous embarquent. Des mugissements surgis d'on ne sait quels instruments, corne de brume ou du diable. Des grondements de foule menaçants... Lumière et son (signé Léo Grise) ont rarement été travaillés à ce point, et il fallait bien ça au metteur en scène Rémi Prin pour évoquer librement "Les Sorcières de Salem" (1692), se démarquer nettement de la fameuse pièce d'Arthur Miller et focaliser son regard sur les prétendues sorcières, ici au nombre de quatre (les quatre jeunes comédiennes ont coécrit le texte avec lui). Le sabbat qu'elles organisent, par jeu et pour de vrai, et qui détaque l'une d'elles. Le village saisi par la paranoïa. La terrible loi du bouc émissaire. Ceux qu'on dénonce par jeu et par lâcheté, et le sang qui coule... Moins puissant que "Solaris" du même metteur en scène, mais tout aussi curieux et décalé.
LE CANARD ENCHAINE

Inspiré des sorcières de Salem et en prenant leur point de vue, Rémi Prin livre un huis clos spectaculaire qui m’a laissé pantois. (...)
Au delà d’une pièce de théâtre, Salem est un spectacle complet. Son, lumière, effets, la technique est omniprésente, véritable cinquième acteur. Depuis Solaris, Rémi Prin a appris à maîtriser une démesure à la taille de laquelle je ne doute pas qu’il trouvera un jour un plateau. Sa mise en scène est précise, son découpage cinématographique. Son parti pris clair obscur focalise l’attention du spectateur autant que son intérêt. Flora Bourne-Chastel, Elise d’Hautefeuille, Rose Raulin, Louise Robert sont totalement impliquées, elles vivent l’histoire physiquement et psychologiquement autant qu’elles la jouent. J’ai vécu Salem de façon chirurgicale, observant l’histoire de l’intérieur sans me laisser embarquer, en besoin permanent d’en savoir plus, de voir où je me laissais emmener. Voilà, c’est ça. J’étais à l’intérieur d’un huis clos spectaculaire, sans y être enfermé. Comme si Robert Hossein avait revisité Pirates des Caraïbes (l’attraction, pas le film).  La terreur, au théâtre, est difficile à monter, d’autres s’y sont essayés sans succès. Avec sa patte particulière, Rémi Prin y arrive, laissant au spectateur pantois suffisamment de sujets pour poursuivre sa réflexion. Par les thèmes abordés, par la mise en scène, Salem n’est pas forcément un spectacle facile. Si vous savez apprécier le théâtre qui va au delà du jeu de répliques entre acteurs, allez voir Salem.
JE N'AI QU'UNE VIE 

Salem nous met en garde contre toute de fanatisme politique ou religieux, de racisme, d'ordre moral et leur cortège de persécutions, de mépris et d'égoïsme, à l'heure où rumeurs et fausses nouvelles envahissent la toile et corrompent les esprits, jusque dans les hautes sphères dirigeantes. Salem rappelle que les femmes se retrouvent souvent en première ligne de ces exactions : le viol, l'inceste, y sont à peine esquissé par les "sorcières", tant il reste une forme de tabou dans nos sociétés, où les victimes sont trop souvent assimilées à des menteuses quand on ne les érige pas en coupables. (...) Les quatre comédiennes endossent les rôles, tout de bruit et de fureur, dans une environnement agité de folie et de violence que ponctuent des effets spéciaux et sonores tonitruants, dans la mise en scène de Rémi Prin.
LA GRANDE PARADE

Dans cette fable aux personnages multiples, la particularité de cette adaptation orchestrée par Rémi Prin est de se concentrer sur le point de vue de ces quatre femmes dans un huis-clos intense, où la parole et les corps participent aussi bien à dévoiler les émotions à l’œuvre à l’intérieur de chacune, que soutenir le suspens des évènements extérieurs secouant le village. Et effectivement, l’osmose des corps et des voix est ici très travaillée pour faire transparaitre les troubles physiques et psychiques qui impactent les protagonistes de cette histoire étrange. Le charisme des comédiennes autant que le lâcher-prise des corps dans des chorégraphies proches du chamanisme captivent le spectateur et le font entrer dans l’atmosphère ésotérique de la pièce. L’univers sombre et énigmatique est appuyé par un travail tout particulier sur la lumière d’abord, tout en clair-obscur, mais aussi  par une ambiance sonore très cinématographique, grâce à une bande-son qui mêle musique et voix trafiquées.
UN FAUTEUIL POUR L'ORCHESTRE

Toujours très cinématographique, la création lumière de Rémi Prin repose sur une maîtrise du clair obscur qui resserre l'espace et embarque les spectateurs dans ce huis clos terrible qui n'est plus uniquement un enfermement dans l'espace physique mais également mental. Ce qui rend le spectacle particulièrement intense et brillant. Le tout est porté par quatre comédiennes fantastiques.
RETARDATAIRE CHRONIQUE(S)

Ce qui fait la force de SALEM, avant toute chose, est l'écriture collective des comédiennes et du metteur en scène. Elles sont toutes les quatre transcendées par leur rôle? et incarnent parfaitement leurs personnages avec une sensibilité et un imaginaire propre. Ces femmes ne sont donc plus "les sorcières de Salem" mais existent ici par elles-mêmes en nous exposant toute l'ambiguïté humaine. SALEM nous embarque dans un espace hors du temps en mélangeant des objets de différentes époques pour nous montrer que ce fait divers tant médiatisé n'est pas que l'histoire d'un moment présent mais qu'il est intemporel, présent dans tout système, à toutes les époques, quel que soit le milieu d'où l'on vient. La soif du pouvoir nous aveugle et la violence nous habite. Pourtant, l'humain ne peut, rarement, y échapper. Rémi Prin, Flora Bourne-Chastel, Elise d'Hautefeuille, Rose Raulin et Louise Robert nous ont interrogés par une mise en scène et un jeu puissant qui ont su bousculer les idées reçues. Après beaucoup d'émotion, de tension et de suspense, on reprend son sa respiration mais le constat perdure : comment échapper à la part d'ombre présente en chacun de nous ?
IT ART BAG

Voilà une expérience très intense que cette heure et demie passée en compagnie de ces femmes/sorcières de Salem. Rien n’est laissé au hasard, la mise en scène est extrêmement précise et énergique. Un travail particulièrement soigné a été réalisé pour le son et la lumière. Ces éléments contribuent énormément à la réussite de l’atmosphère angoissante. Effets spéciaux, fumée, lumière, musiques et voix nous plongent au cœur même d’un véritable cauchemar dans une ambiance particulièrement bien rendue.  Au sein de cet univers sombre, dense et inquiétant l’on devine plus que l’on ne voit les quatre comédiennes évoluer sur la scène. Mise en scène macabre, transes, cris, panique rien n’est épargné pour nous entraîner avec elles au fond de cette sombre histoire. Beaucoup de violence et de concentration ; leur jeu intense, soutenu et juste participe à maintenir la tension palpable tout au long de la pièce. Que sommes-nous amené à faire ou à dire lorsque l’on est acculé, menacé. Dans l’urgence et la peur quelle décision fatale sommes-nous capable de prendre ? Où est la part de réalité, de fantasmes, de phénomène surnaturel ou de réaction psychotique dans cette histoire sordide ? Hallucination, vision ou réalité, manipulation… Salem reste un symbole de ce que peut donner l’hystérie collective… On a peur, on retient sa respiration, le corps contracté : une pièce extrême très impressionnante.
MANITHEA

Un moment théâtral et poétique fort. (...) Cette écriture collective, politique et éthique, nous fait partager avec émotion, cinq siècles plus tard, une tragédie qui en dit long sur le traitement et la considération des femmes mais aussi sur la rumeur et les risques engagés, entre autres, dans tout comportement hors normes.
LE THEATRE DU BLOG